En raison de l’épidémie, les séances ont lieu en visioconférence Zoom.

26 MARS – FEMMES ENGAGÉES (14h-16h)
Maud Michaud (Le Mans) – Femmes de missionnaires, femmes missionnaires: la mission au féminin dans l’Empire britannique (1880-1920)

Comme l’explique Jeffrey Cox dans The British Missionary Enterprise since 1700 (2007), le missionnaire typique de la fin du XIXe siècle est bien éloigné de la figure de David Livingstone, missionnaire et explorateur solitaire; au contraire, entre 1880 et 1920, l’entreprise missionnaire se féminise, si bien que les femmes britanniques sont bientôt plus nombreuses que les hommes sur le terrain de la mission. Cette communication reviendra sur les causes de ce changement graduel de personnel, pour examiner comment, dans plusieurs parties de l’Empire britannique (Afrique centrale, Inde du Nord, Tibet) l’engagement de ces femmes modifie non seulement les structures hiérarchiques traditionnelles des stations, les buts mêmes de la mission outremer ainsi que la relation aux indigènes. A partir d’archives manuscrites et publiées de la Church Missionary Society et de la China Inland Mission, et grâce aux nombreux travaux récents de l’historiographie sur les femmes missionnaires, cette communication s’intéressera aux activités apostoliques des femmes sur le terrain, à leur relation avec les hommes de la mission, ainsi qu’aux formes d’engagement extra-apostoliques qui ont pu les mener à mieux connaître les sociétés dans lesquelles elles se trouvaient postées (ethnographie, photographie).  

Muriel Pecastaing (Sorbonne) – Annie Besant : missionnaire théosophe ?

Lorsque la féministe, socialiste et libre-penseuse Annie Besant (1847-1933) fut élue à la tête de la Société Théosophique en 1907, il y avait environ onze mille Théosophes actifs dans le monde. En 1928, après vingt-et-un ans sous sa présidence, la Société Théosophique mondiale comptait quarante-cinq mille membres. Dès lors, pourquoi cette interrogation sur ce nouvel engagement de Besant, cette fois en tant « missionnaire théosophe », alors qu’il pourrait sembler évident ? Parce la définition de cet engagement pose en fait problème la concernant, pour trois raisons :

— Les critiques émises par les Théosophes, depuis leur arrivée dans le sous-continent indien, au début des années 1880, à l’encontre des méthodes employées par les missionnaires chrétiens en Inde.

— Le fait que Besant affirmait qu’en Inde, sa mission était celle du renouveau hindou.

— Enfin, la tension entre ésotérisme et exotérisme au sein de la Société Théosophique, ainsi que son rejet apparent du prosélytisme, et donc le paradoxe de qualifier de « mission » l’engagement de Besant pour la diffusion des enseignements théosophiques en Occident.

16 AVRIL « EDUCATION ET RELIGION » (14h-16h)
1) Sonia Birocheau (UPEC): “Des catholiques au service des écoles publiques. Réflexions sur les enjeux de la formation des enseignantes de Chicago à la période progressiste”.

Au début du XXe siècle, aux Etats-Unis, de nombreux réformateurs, universitaires et citoyens plaident pour une amélioration de la qualité de l’enseignement public afin de répondre aux différents défis auxquels la société fait face. Parmi les réformes proposées figure la formation initiale et continue des (futur.es) enseignant.es qui doit permettre d’uniformiser les pratiques et de cultiver les esprits. Cette facette de la professionnalisation de l’enseignement états-unien, qui reste sous-explorée par les historiens de l’éducation, a pourtant généré de nombreuses tensions. L’une d’entre elles a trait à la place et au rôle d’établissements scolaires ou universitaires catholiques dans la formation des enseignant.es des écoles publiques. A partir de l’exemple de Chicago, alors deuxième métropole des Etats-Unis et dotée du plus vaste réseau d’écoles catholiques du pays, je me concentrerai lors de cette présentation sur deux aspects de cette problématique. Le premier concerne la question de l’admission d’étudiant.esvenu.es d’établissements secondaires catholiques à l’Ecole normale de Chicago, en charge de préparer les futur.esenseignant.es des écoles publiques de la ville ; le second porte sur l’intérêt d’universités catholiques pour la formation continue des enseignant.es des écoles publiques de la ville. Ces deux études seront l’occasion d’interroger l’éventuelle porosité entre enseignement public et catholique à une période où l’influence politique grandissante de l’archevêque, et plus généralement des catholiques, sur différentes institutions locales inquiètent certaines élites de Chicago.Sonia Birocheau est l’autrice de Incarner un modèle progressiste. La professionnalisation de l’enseignement à Chicago (1890-1930), Lyon, ENS Éditions, coll. « Éducation et savoirs en société », 2020.

2) Discussion sur l’enseignement des faits religieux à l’université

Nous sommes nombreux dans les universités françaises à aborder dans nos cours les questions religieuses, que nous soyons spécialistes, intéressé.es, ou contraint.es par les thématiques à couvrir. Alors que la loi régit différemment l’espace scolaire et l’espace universitaire et que perdure un climat de tension autour de la place de la religion dans l’espace public, une réflexion sur l’enseignement du fait religieux à l’université paraît nécessaire. La discussion pourra permettre une réflexion sur nos méthodes (telles que l’application de l’agnosticisme méthodologique) comme sur nos perspectives (de croyant comme de non croyant), ou encore sur la place que nous donnons aux expériences vécues des étudiant.es et celle que nous accordons aux questions institutionnelles. Les questions seront celles des personnes présentes.`

18 JUIN – ENSEIGNER LES FAITS RELIGIEUX À L’UNIVERSITÉ (14h-16h)

Eric Vinson, chercheur associé au GSRL/CNRS et spécialiste des rapports entre démocratie et spiritualité en France interviendra en première partie de séance:

« Entre multidisciplinarité de fait et nécessaire disciplinarisation, quel enseignement des faits religieux, de la laïcité (et des sujets apparentés) à l’université ? »

Cette intervention sera suivie d’une discussion.